- Grèce
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Grèce(république de) (Hellênikê Dêmokratia), état d'Europe méridionale, occupant le S. de la péninsule balkanique; 131 990 km²; 10 046 000 hab.; cap. Athènes. Nature de l'état: rép. parlementaire. Langue off.: grec. Monnaie: drachme. Relig.: église orthodoxe grecque (off., 97 %). Géogr. phys. et hum. - Le territoire se partage entre une Grèce continentale, prolongée par la péninsule du Péloponnèse, montagneuse (2 911 m au mont Olympe), au climat méditerranéen tempéré par l'altitude, et une Grèce des îles (20 % de la superficie): îles Ioniennes, Cyclades, Sporades, Dodécanèse, Crète. 70 % des Grecs vivent sur les littoraux et dans les plaines, torrides en été (Thrace, Macédoine, Thessalie, Attique). L'aggl. d'Athènes-Le Pirée groupe 35 % des hab.; l'exode rural reste important (60 % de citadins). La population vieillit et s'accroît peu (0,2 % par an). Terre d'émigration jusqu'en 1975, la Grèce enregistre, depuis, un solde migratoire excédentaire. écon. - La Grèce n'assure que 1 % de la prod. économique de la C.é.E. L'agriculture occupe le quart des actifs et reste, assez largement, une polyculture traditionnelle (céréales, vigne, fruits et légumes, élevage ovin, huile d'olive, tabac). Les princ. ressources du sous-sol sont le lignite et la bauxite. L'industrie est peu compétitive. La Grèce tire d'importants revenus du tourisme, de sa flotte marchande et du rapatriement de fonds des Grecs de l'étranger. Malgré l'aide massive de la C.é.E., la crise écon. est aiguë: dettes de l'état, inflation, chômage. Hist. - à partir du XIXe s. av. J.-C., alors que la civilisation minoenne est déjà en plein essor, pénètrent en Grèce continentale des peuples indo-européens, Ioniens et Achéens, qui, peu à peu, occupent la Grèce dans sa totalité. Au XVe s., les royaumes achéens (Mycènes, notam.) dominent la Crète et s'étendent vers l'Asie Mineure. La légendaire guerre de Troie est sans doute l'écho d'une de ces expéditions guerrières menées en Asie Mineure au XIIIe s. av. J.-C. Au XIIe s., d'autres peuples venus du N., les Doriens, font leur apparition. Sous la poussée dorienne, les Achéens se réfugient en Ionie (littoral de l'Asie Mineure), en Arcadie, dans les îles médit. La période XIIe - IXe s. av. J.-C. constitue une période obscure. Au IXe s. av. J.-C. (siècle d'Homère), la Grèce apparaît découpée en un nombre important de polis, cités qui regroupent des clans et guerroient les unes contre les autres jusqu'à Alexandre le Grand. à partir du VIIIe s. av. J.-C., les cités d'Asie Mineure, à la vive activité industrielle et commerciale, se lancent sur les mers, suivies par les cités de Grèce (Corinthe). Elles refoulent les Phéniciens, fondent des colonies en Sicile, Italie du Sud, mer Noire, etc. Corinthe, Chalcis, égine sont dépassées par Athènes à partir du VIe s. Dans le Péloponnèse, Sparte assure son hégémonie. La révolte de l'Ionie contre la Perse (ou Mède) est à l'origine des guerres médiques (Ve s.). Après les défaites perses de Marathon (490), Salamine (480) et Platées (479), Athènes, qui domine la ligue de Délos, devient la première puissance de la Méditerranée orientale et développe une politique impérialiste fondée sur une hégémonie maritime, tout en développant la démocratie: élection ou tirage au sort des magistrats, accessibilité de tous les citoyens aux charges politiques et aux fonctions milit. Périclès, qui dirige Athènes de 457 à 429, donne son nom à cet âge d'or, écon., intellectuel, artistique ("siècle de Périclès"). Au terme de la guerre du Péloponnèse (431-404), la victoire du Spartiate Lysandre près de l'embouchure de l'AEgos-Potamos (405) met fin à la suprématie d'Athènes, mais Sparte s'incline bientôt devant Thèbes (victoire d'épaminondas à Leuctres, 371). écrasant les armées athénienne et thébaine (alliées) à Chéronée (338), Philippe II de Macédoine s'impose comme l'arbitre des cités qu'il tente de fédérer. Après l'assassinat de Philippe (336), son fils, Alexandre le Grand, part conquérir l'Asie (334). En moins de dix ans, il soumet l'égypte et l'Asie Mineure; il atteint les Indes en 327. La création de plus de 70 villes, la mise en circulation d'une monnaie grecque oeuvrent à l'hellénisation de l'Orient. La mort d'Alexandre (323) entraîne le partage de son empire: la Thrace et l'Asie reviennent à Lysimaque, la Macédoine à Cassandre, l'égypte à Ptolémée, le reste (Syrie, Mésopotamie, Perse, Inde) à Séleucos. La rivalité de ces chefs va durer trois siècles, mais une nouvelle civilisation, dite hellénistique, celle des cités nouvelles (Alexandrie, Antioche, Pergame), étend la culture et la langue grecques sur tout l'Orient. Malgré des révoltes locales, la Macédoine parvient à maintenir la Grèce sous sa tutelle. Puis les Romains font de la Macédoine, vaincue, une province romaine (148 av. J.-C.) et imposent leur autorité à l'ensemble de la Grèce (146 av. J.-C.). La conversion de la Grèce au christianisme à partir du Ier s. est un événement capital; en effet, le christianisme va être profondément marqué par la civilisation grecque hellénistique. à partir de 250 env., les cités grecques sont pillées par les Barbares (incursion des Goths à Athènes en 267). Avec l'installation, au IVe s., d'un empire chrétien à Byzance (ville anc. sur l'emplacement de laquelle Constantin fonde Constantinople en 330) commence le déclin de la culture antique. En 395, la Grèce est intégrée à l'empire d'Orient (V. byzantin). La Grèce byzantine est soumise aux invasions barbares (Ve-VIe s.). Dès le VIIe s., les Arabes prennent certaines îles (Chypre, 649; Rhodes, 654). Aux Bulgares, aux Normands (Xe-XIe s.), aux Vénitiens, aux Latins (venus à la suite des croisades) et aux Génois succèdent les Turcs, qui conquièrent la Grèce de 1391 à 1461. Les Grecs ne se libérèrent de l'occupation turque qu' au XIXe s., avec l'aide de la France, de la G.-B. et de la Russie (victoire navale de Navarin, 1827), après une guerre sanglante commencée en 1821. Le sultan est contraint d'accorder l'auton. au pays en 1829 (traité d'Andrinople). L'indép. est acquise en 1832. La Grèce est érigée en royaume. Otton Ier (1833-1862), prince allemand, est remplacé par un prince danois, Georges Ier (1863-1913). La Grèce s'agrandit du S. de l'épire et de la Thessalie (1881) à la suite de la guerre russo-turque. Sa participation aux guerres balkaniques (1912-1913) lui permet d'incorporer la Crète, les Sporades du N., une grande partie de la Macédoine et de l'épire. En 1917, Venizélos, partisan des Alliés, triomphe de Constantin Ier, allié de l'Allemagne, qui abdiqua en 1917. Par les traités de Sèvres (1919) et de Neuilly (1920), la Grèce reçoit la Thrace et la côte d'Ionie, mais la guerre qu'elle mène contre la Turquie (1920-1922), qui rejette ces traités, est désastreuse; en outre, la Grèce doit accueillir un million et demi de réfugiés d'Asie Mineure. Constantin Ier, rappelé en 1920, doit abdiquer de nouveau, en 1922, en faveur de son fils aîné Georges II. Puis la république est proclamée en 1924; Georges II est rappelé en 1935, mais le pouvoir est en fait exercé par le général Metaxás (1936-1941). La Grèce, envahie par les Italiens (1940) qu'elle met en déroute, puis occupée par les Allemands (1941) et libérée en 1944 par les partisans de l'E.L.A.S., armée populaire grecque de libération, connaît une guerre civile intermittente (1944-1949) qui se termine par la victoire des gouvernementaux sur les anciens partisans communistes. Paul Ier succède en 1947 à son frère Georges II (qui s'est exilé de 1941 à 1946). La Grèce s'accroît en 1947 (traité de Paris) de Rhodes et des autres îles du Dodécanèse, perdues par l'Italie. En avril 1967, un coup d'état militaire fonde le "régime des colonels" et, en juillet 1973, la république est proclamée. En 1974, à la suite du conflit chypriote, de la déroute financière et de pressions extérieures, Caramanlis, appelé au pouvoir, rétablit les libertés et fait approuver la république (référendum de déc.). Ce retour à la démocratie permet l'intégration du pays au Marché commun (1er janv. 1981). En 1981, le PASOK, mouvement socialiste panhellénique, remporte la victoire aux élections, puis à celles de 1985, mais le gouv. d'Andhréas Papandhréou, compromis par des scandales financiers, est battu en 1989. En avril 1990, C. Mitsotakis, chef de la Nouvelle Démocratie, forme un gouv. conservateur, et un accord réduit à deux les bases militaires amér. à partir de 1991, la Grèce, s'opposant à l'ex-rép. yougoslave de Macédoine et à l'Albanie, juge grecque la Macédoine tout entière. Fondant sa campagne électorale sur ce thème nationaliste, le PASOK remporte les législatives de 1993 et A. Papandhréou redevient Premier ministre. En 1996, Costas Simitis lui succède et son parti, le PASOK, remporte les élections législatives. Prônant l'apaisement dans les Balkans, C. Simitis organise en 1997 à Héraklion une conférence (jugée historique) réunissant l'Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Macédoine, la Roumanie, la Turquie, la fédération de Yougoslavie et un représentant de la Bosnie.
Encyclopédie Universelle. 2012.